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Sharenting, quel impact sur la génération future ?

30 mars 2023 | Par Estelle Decaen

Il est aujourd’hui devenu courant pour les parents de partager des photos et des informations de leurs enfants sur les réseaux sociaux. Que ce soit pour partager leur fierté, pour rester en contact avec des membres de leur famille éloignés ou pour documenter leur croissance, le phénomène du « sharenting » est devenu omniprésent dans nos vies numériques.

Selon une étude de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique, 53% des parents ont déjà posté une photo de leurs enfants sur les réseaux sociaux. Tout parent peut exposer son enfant. Mais cela implique des risques et affecte la vie privée de l’enfant. Une loi, mise en place en 2020, vise à réguler cette méthode qui comporte parfois des dérives de la part des parents.

Les dangers de l’exposition

Les parents postent des photos de leurs enfants sur Facebook ou Instagram pour chaque événement de leurs vies. Or, exposer les enfants sur les réseaux sociaux engendre certaines préoccupations, notamment la protection de leur vie privée. Les photos et vidéos postées en ligne peuvent être facilement copiées, partagées et diffusées à des personnes inconnues et se retrouver malencontreusement sur des sites pédopornographiques. Le député Bruno Studer affirme que 50% des photographies échangées sur ces sites proviennent des réseaux sociaux. Cela expose les enfants à des risques de sécurité en ligne. Ils peuvent être la cible de cyber-harcèlement ou d’abus et chaque post contribue à façonner la réputation numérique d’une personne.

Le droit à l’image des mineurs

Les mineurs ont un droit à l’image, qui est souvent bafoué dans l’environnement numérique actuel. Bruno Studer propose une loi visant à encadrer l’image des enfants sur les plateformes en ligne. Cette loi renforce la protection des droits des mineurs et impose des obligations aux sites Web, aux réseaux sociaux et aux applications qui diffusent des images ou des vidéos d’enfants.

Le texte inclut la « vie privée » de l’enfant dans la définition de l’autorité parentale afin d’accentuer l’obligation des parents de protéger ce droit. Les deux parents doivent protéger ce droit. Si l’un deux n’est pas d’accord, le juge peut décider d’interdire de publier des images de l’enfant. Ceci peut s’apparenter à un grand pas pour la protection des enfants en ligne mais cela est-il suffisant lorsqu’ils sont issus de “parents influenceurs” ?

Quand l’enfant devient influenceur

L’exposition des enfants sur les réseaux sociaux est un sujet qui suscite de plus en plus de problématiques. Les réseaux sociaux sont devenus omniprésents dans notre vie quotidienne. Internet a ouvert de nouvelles possibilités pour les enfants de devenir « influenceurs ». Parfois grâce à leurs parents qui partagent des contenus en les mettant en scène sur les réseaux sociaux. Cette même étude constate que 47% des parents influenceurs affirment que c’est devenu leur unique source de revenus, notamment grâce aux partenariats avec les marques.

Est-ce approprié pour les enfants ? Les parents publient des photos ou des vidéos sur Instagram ou encore TikTok de leurs enfants dès leur plus jeune âge : les premiers pas, les premiers mots, leurs premiers Noël ou anniversaires. Dans ce contexte, il est difficile de dire que les enfants sont conscients de l’exposition en ligne par des milliers de personnes. 

Cela peut nuire à leur e-réputation pour l’avenir. Par exemple, une photo postée sur Instagram d’un enfant de 5 ans faisant des bêtises, aimerait-il retrouver cette photo 20 ans plus tard ? Un camarade de classe qui tombe sur cette photo peut amener à des moqueries, voire du harcèlement.

Qu’en est-il de la photo ou de la vidéo drôle, postée innocemment et qui devient un mème ?

Malgré la loi votée en 2020 pour réglementer l’exposition des enfants en ligne, on constate qu’il existe encore des dérives. Certains parents ne demandent pas l’approbation de leurs enfants pour diffuser du contenu d’eux et font objet d’une source de revenus, ce qui peut paraître comme du travail dissimulé. Même si les enfants sont d’accord d’être exposés, sont-ils bien informés des dangers qu’ils encourent ? Ont-ils l’âge de prendre cette décision ?

A propos de l'auteur

Estelle Decaen

Assistante chargée de communication en alternance

Estelle a embarqué chez SLOOP en 2022. Elle est alternante et suit une formation de chargée de communication et webmarketing. Elle travaille au sein du pôle Notoriété et Influence. Elle est certifiée Spécialiste Google Ads du réseau de recherche. Estelle est basée à Dinan.

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